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Refaire le Monde
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6 avril 2007

L'ego nuit gravement au bonheur

 

...ou si on reprenait tout à zéro

   

Adam et Eve ont été chassés du Paradis pour avoir découvert l’ego. C’est à partir de là que ça a commencé à merder. L’être humain n’a plus pensé qu’à détruire l’autre et lui aussi du même coup. Le Paradis c’était l’amour pur, sans concession, sans arrière-pensée, l’innocence quoi.

Une poignée de milliers d’années plus tard, notre société actuelle prône le plein pouvoir de cet ego destructeur : il faut être le premier, le meilleur, l’unique et pour ça briser l’autre, le battre, le combattre. Et c’est précisément ce qui fait souffrir l’être humain, ne pas être l’unique, ne pas être le premier, ne pas être le meilleur et si on l’est ça ne dure pas, la dure loi de la vie fait qu’un autre prend la place, toujours. Une fleur en remplace une autre, un être naît pendant qu’un autre meurt, une civilisation brillante disparaît au profit d’une autre qui elle-même se perdra, une année se termine et déjà c’est l’an nouveau. Le monde est ainsi fait, rien ne dure, rien ne survit, tout change à chaque instant.

Dans cette course à la médaille (dans quel but au fait ? Rappelons-nous qu’on va tous mourir et que ça ne sera pas forcément dans longtemps) l’insatisfaction règne en permanence car arriver le premier est une chose, le rester en est une autre. Alors on compense par des plaisirs futiles qu’on veut nécessaires avec la complaisance de notre bonne vieille société de consommation et ses éminentes têtes de pubs pensantes qui passent des nuits blanches pour trouver comment nous pomper notre argent et notre âme avec. Le tout dernier portable à la mode qu’il est urgent d’acquérir parce qu’on nous fait comprendre que celui qu’on s’est offert il y a quatre mois est devenu obsolète. Puis c’est le home cinéma pour lequel on se ruine en crédit, la dernière voiture devant laquelle on a bavé au salon de l’automobile et qu’on rechignera à laver après quelques mois parce qu’elle nous sera devenue trop familière pour nous intéresser encore. La femme pour qui on se damnerait et à qui on va confier ses clés au bout de seulement quelques mois puis dont on se lassera, qu’on larguera ou qu’on trompera à terme parce qu’une autre, plus fraîche, plus neuve, passera par là. C’est la société Kleenex, on désire comme si notre vie en dépendait, on se ruine en argent ou en sentiment (voire les deux, il y en a qui cumulent !) puis on vire. La société nous crée des besoins et nous la laissons faire complaisamment, acceptant ainsi d’être en état de manque permanent, des drogués du consumérisme. Quel manque essayons-nous donc de compenser ? Le Paradis originel ? Ce paradis où il n’était pas besoin de se casser le bol pour savoir ce qu’on mangerait demain ou si notre patron daignerait nous accorder la prime de Noël ?

Au Japon le produit consommable préféré ce sont les chiens : on achète le toutou à la mode, on lui fait des brushings, on lui décore une chambre pour lui tout seul, on le pare de vêtements et de bijoux très brillants, on investit des sommes indécentes pour des chiens rendus malheureux par la bêtise humaine, pour compenser la frustration de n’avoir pas les enfants qu’on voudrait. Une fois le chien bien avili, une autre race devient à la mode et on abandonne (où ça ? bonne question…) le premier désormais démodé pour s’acheter le nouveau avec qui on recommence le même manège. A choisir il vaut mieux les faux chiens robots, ils remplissent la même fonction mais au moins ils ne souffrent pas et quand on en a marre il suffit juste de leur enlever les piles du cul.

Ainsi l’attrait de la nouveauté nous pousse à être sans cesse dans l’espoir, dans l’attente et finalement dans la frustration parce que rien n’est jamais tel qu’on l’imaginait, rien ne peut nous combler sur le long terme. Petits plaisirs de la vie certes mais inaptes à nous rendre véritablement heureux.

Le bonheur ? Il est vain de vouloir le trouver à l’extérieur de soi-même. Le bonheur s’apprend, se travaille, s’apprivoise. Oui on peut être heureux même dans l’adversité, même endetté, même largué, même manchot, même si on a une vie de chiottes. Certes ce n’est pas facile mais c’est faisable, ce qui est déjà une bonne nouvelle.

Il suffirait d’arrêter d’espérer, de se trouver des espaces de sérénité au lieu de s’étourdir dans des bruits, des multi activités, des médisances diverses, la musique dans une oreille et le téléphone dans l’autre tout en pianotant sur un clavier. Le bonheur versus l’abrutissement. 

Alors la musique oui, le téléphone oui, le home cinéma oui mais à condition de ne pas penser qu’on n’est rien sans ça.

Bref, si on se calmait tout simplement ?

Notre vilaine manie est de nous représenter le monde comme étant opposable à nous, à « moi », à « mien », à « je ». Il y a moi d’abord… et les autres. Problème : on est tous l’autre de quelqu’un !

Considérer qu’on a plus de droits que les autres est une curieuse idée, d’où nous viendrait donc une telle supériorité ? Où est-il écrit que « mon » désir doit être satisfait avant le désir des autres ? Si l’on y réfléchit un peu, la réponse risque bien de sonner creux.

Suis-je un élu ayant plus le droit qu’un autre à obtenir telle récompense, tel succès, telle gonzesse ou tel mec, telle promotion ? Ça fait six milliards d’individus qui se croient élus. Forcément, les autres ont le même cerveau que nous, croient et aspirent à la même chose que nous, étonnant non ?!!

Imaginons qu’on abandonne l’idée que notre bonheur est plus important que celui de notre voisin, de notre rival, de celui qui ne partage pas notre sang ?

Si on pense à l’éventualité de la réincarnation (imaginons, j’ai dit), ne serait-il pas ironique de penser que le boucher du coin pourrait devenir un végétarien convaincu, le macho obsédé par la longueur de son sexe une plantureuse blonde, le policier chinois un moine tibétain, le politicien un sans-abri, le musulman un juif portant la kippa, Jean-Claude Van Damme un chercheur au CNRS J ?

Et pourquoi pas ? Et si nous devenions demain ce que nous détestons le plus aujourd’hui ? Envisager cela remettrait bien des idées préconçues au placard et ça ne nous ferait pas de mal.

   

      

   

   

   

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