Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Refaire le Monde
Derniers commentaires
15 novembre 2010

La “bataille de l’orthographe” à l’Université

Ecrire, communiquer, se faire comprendre et comprendre l'autre, c'est impossible si la base n'est pas bonne. La base c'est le français; la grammaire, le vocabulaire et .... l'orthographe. La base c'est l'apprentissage dès le plus jeune âge : ce qui est acquis n'est plus à acquérir. Depuis des années ces élémentaires acquisitions sont remisées aux oubliettes, considérées comme superflues sans doute par nos élites plus préoccupées d'apposer leur nom sur des réformes dévastatrices et assassines.

Des générations d'analphabètes sont fabriquées, sciemment, le nivellement par le bas est devenu la norme en France. Qu'il est bon de créer des individus incapables de réfléchir et de construire une pensée digne de ce nom. Nos élites nous fabriquent des usines à crétins et ensuite poussent des cris d'orfraies au constat des déplorables dégâts de leur incompétence. Dernier en date, Valérie Pécresse qui, sans doute gênée de la visibilité un peu trop flagrante de ce lamentable échec, envisage triomphante de prendre à bras le corps le problème et trouve cette solution navrante : les cours d'orthographe en fac ! Personnellement je m'interrogerais plutôt sur l'urgence de résoudre le problème dès le primaire et de revoir la formation des enseignants (ils sont donc formés ?!) afin qu'ils apprennent correctement leur métier et le fasse de manière efficace, hors de toute méthode globale ou semi globale. Revenir aux valeurs sûres : l'AL-PHA-BET !!

Une enseignante de primaire dans l'école de mes enfants faisaient plusieurs fautes par phrase, elle était également directrice de l'école et les parents d'élèves - dont moi - corrigions ses comptes-rendus de réunions. Des parents demandaient en fin d'année que leurs enfants ne soient pas dans sa classe.... A raison d'une vingtaine d'élèves durant plusieurs années, c'est autant de gamins sacrifiés sur l'autel de l'incompétence et qui auront toutes les difficultés plus tard à trouver un emploi, à avoir une pensée construite, à réfléchir. De parfaits futurs petits soldats formatés pour rester en bas, en marge de la société, la vraie société, celle qui a les moyens de s'élever.

La connaissance c'est l'émancipation, la liberté, le pouvoir de dire non et de contester. L'ignorance c'est l'impossibilité de réfléchir, l'incapacité à se défendre, la "légumisation".

« Nous avons lancé la bataille de l’orthographe » a déclaré lundi dernier Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Est-ce une première ? Pas si sûr.

Réagissant à un article paru ce même lundi dans le journal « Le Parisien » ( « Les facs s’attaquent aux fautes d’orthographe. C’est un constat unanime : trop d’étudiants sont fâchés avec l’orthographe et, plus globalement, avec le français. Une vingtaine d’universités proposent désormais des cours de rattrapage » ), Valérie Pécresse a affirmé que « les universitaires font le constat que le niveau d’orthographe et d’expression écrite a singulièrement baissé depuis une dizaine d’années, alors que c’est une clé pour des études et une insertion professionnelle réussies ».

Sans remonter très loin , on peut déjà constater que « la bataille de l’orthographe à l’université » avait déjà été annoncée un an avant, au même moment de la rentrée universitaire, par le même journal « Le Parisien » : « Les étudiants vont devoir renouer avec la dictée. Des milliers d’élèves de différents campus bénéficient cette année de cours d’orthographe. Une nécessité car les recruteurs apprécient peu les fautes des diplômés » ( 28 septembre 2009 ).

Sans doute dans un autre contexte ( vraisemblablement moins en proie au délitement, et surtout moins ‘’massif’’ : à peine 1% d’une classe d’âge faisait alors des études supérieures ), le ‘’ niveau ‘’en orthographe ( et plus généralement en français ) des étudiants a été depuis très longtemps et régulièrement stigmatisé.
« Nous voudrions simplement rappeler aux candidats que la faculté désirerait ne plus avoir à corriger des fautes d’orthographe aussi nombreuses que stupéfiantes » ( Gaffarel, doyen de la faculté des lettres de Clermont, 1881 ).
« J’estime que les trois quarts des bacheliers ne savent pas l’orthographe » ( Victor Bérard, maître de conférences à la Sorbonne, 1899 ).
« Les élèves des lycées n’ont ni orthographe, ni vocabulaire exact et varié, ni connaissances grammaticales » ( Paul Lemonnier, « La crise de la culture littéraire », 1929 ).
« La décadence est réelle, elle n’est pas une chimère : il est banal de trouver vingt fautes d’orthographe dans une même dissertation littéraire de classes terminales. Le désarroi de l’école ne date réellement que de la IV° République » ( Noël Deska, « Un gachis qui défie les réformes : l’enseignement secondaire », 1956 ).

Et si l’on veut vraiment ‘’une première’’, on peut s’arrêter à celle-ci, dans le ‘’saint du saint’’, à la Faculté des Lettres de la Sorbonne :
« L’orthographe des étudiants en lettres est devenue si défectueuse que la Sorbonne s’est vue réduite à demander la création d’une nouvelle maîtrise de conférences, dont le titulaire aurait pour principale préoccupation de corriger les devoirs de français des étudiants de la faculté des lettres » ( Albert Duruy, « L’instruction publique et la démocratie », 1886).

http://blog.educpros.fr/claudelelievre/2010/10/05/la-bataille-de-lorthogaphe-a-luniversite/

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Refaire le Monde
Publicité
Publicité