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29 juillet 2011

Qachouch, le rossignol de la contestation syrienne s’est tu à jamais

Mourir pour des idées...

Par Myrna Doumit KHAWAM | 29/07/2011
  
Le 1er juillet, une manifestation monstre avait rassemblé à Hama, plus d’un demi million de contestataires, un record jamais enregistré dans cette ville depuis le début de la révolte / Photo prise d’une vidéo YouTube
 
Le 1er juillet, une manifestation monstre avait rassemblé à Hama, plus d’un demi million de contestataires, un record jamais enregistré dans cette ville depuis le début de la révolte / Photo prise d’une vidéo YouTube
 
« Yalla Irhal Ya Bachar » (Allez dégage Bachar). Un refrain qui a mené Ibrahim Qachouch à sa perte. Qu’il soit l’auteur, le coauteur ou simplement un interprète d’une chanson devenue l’hymne de la contestation, le fait est qu’Ibrahim Qachouch a été assassiné. Son crime ? Avoir pris goût à la liberté.

Ibrahim Qachouch est originaire de Hama. Sur ce point, tout le monde semble s’accorder. Sur le reste, son âge -entre 30 ans et la quarantaine-, sa profession -pompier ou cimentier-, le flou demeure. Mais son passe-temps favori était clairement l’écriture de poèmes, selon un de ses amis, Saleh Abu Yaman, interrogé par un journaliste de l’agence de presse américaine, Associated Press. « Avant le début de la révolte, il écrivait des poèmes sur l’amour et la situation économique, mais avec le début des manifestations contre le régime à la mi-mars, sa plume s’est tournée vers le mouvement de révolte », raconte-t-il.

Ibrahim Qashoush avait le toupet de chanter contre le régime syrien lors des manifestations. Ses chansons, qui enflammaient les manifestants, ont été largement reprises sur internet, mais aucune des vidéos publiées ne montre le visage de l’interprète. Des activistes affirment qu'il ne tenait jamais le micro.

Le texte de la chanson est sans ambiguïté quant aux sentiments de l’auteur vis-à-vis du régime :

«Bachar tu n'es pas des nôtres.

Prends ton frère Maher, et lâche-nous

Tu as perdu toute légitimité, allez dégage Bachar

Bachar tu es un menteur, maudit soit ton discours

La liberté qui frappe à la porte

Maudit soit Bachar et tous ceux qui le soutiennet

Maher, lâche, agent des Américains, le peuple syrien n’acceptera pas d’être humilié

Bachar, sois maudit, toi et ton parti Baas

Allez dégage Bachar.»

La popularité de la ritournelle contestataire a rapidement dépassé les frontières de Hama pour se répandre à d’autres villes du pays.

Qachouch aurait été kidnappé après une manifestation monstre dans la ville de Hama, un des foyers de la contestation en Syrie. Le 1er juillet, une manifestation record avait rassemblé plus d'un demi-million de personnes dans cette ville. Ce jour-là, la foule reprenait en chœur la chanson attribuée à Qachouch. « Le 3 juillet, alors qu’Ibrahim se dirigeait vers le centre de Hama, un véhicule blanc s’est arrêté, plusieurs hommes en sont sortis et l’ont poussé de force à l’intérieur de la voiture. Puis, ils sont repartis à toute vitesse », ont raconté des témoins à Abu Yaman.

Le jour suivant, un corps a été retrouvé dans le fleuve Oronte. Celui de Qachouch. Sa gorge était tranchée et, selon des résidents de Hama, ses cordes vocales avaient été arrachées. L'homme aurait été torturé avant d'être tué, d’après le quotidien américain The New York Times et la chaîne qatarie Al-Jazeera.

La voix d’Ibrahim Qachouch dérangeait le pouvoir. Il fallait le faire taire et faire un exemple pour tous ceux qui seraient tentés de pousser la chansonnette contre le régime.

Les assassins de Qachouch ont-ils atteint leur objectif ? Clairement pas, car la chanson a survécu au crime. Ibrahim Qachouch est mort, mais la rengaine continue d’être chantée à travers le pays. Et même au-delà, puisqu’elle a été chantée au Caire, sur la place Tahrir, en soutien aux Syriens.

« Un jour, quand on écrira l'Histoire, on dira de (Qachouch) qu'il a été la voix des habitants de Hama, des Syriens, des Arabes, de toux ceux qui se sont dressés contre l'oppression, la torture, les arrestations et les disparitions forcées, qui ont refusé ces régimes qui ne sont que marchands d'illusions », écrit Houssam Itani, le chroniqueur d’Al-Hayat, en hommage au « rossignol de la révolution syrienne ».

 

http://www.lorientlejour.com/category/À+La+Une/article/715172/Qachouch,_le_rossignol_de_la_contestation_syrienne_s'est_tu_a_jamais.html

 

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