Régression des élèves

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Les élèves de cinquième aujourd'hui ont un niveau d'orthographe comparable à ceux de CM2 en 1987.

C'est le constat que dressent les spécialistes du langage Danièle Manesse et Danièle Cogis dans "Orthographe, à qui la faute?" (éditions ESF).

Les auteurs de cette enquête (assistées de deux professeurs des écoles) ont fait faire à près de 3000 élèves une dictée qui avait été donnée à des élèves du même âge en  1986-1987. Résultats :

- les élèves passent de huit fautes en 1987 à quinze en 2005 ;

- en 1987, 50% des élèves avaient moins de 6 fautes. Ils ne sont plus que 22% en 2005 ;

- l'écart entre les plus forts et les plus faibles s'est lui aussi creusé.

Les enquêteurs attribuent en partie cette dégradation au fait que "le temps imparti à l'étude de la langue ne cesse de se réduire" et que "la nature du travail s'est modifiée" : "depuis 1995, les programmes de l'enseignement primaire déconseillent les apprentissages fondés sur la mémorisation, les exercices répétitifs. On demande d'éviter les pratiques traditionnelles d'apprentissage par coeur".

Effectivement, on prétend enseigner aujourd’hui, dans les classes de l’école élémentaire, et particulièrement en ZEP, la linguistique à des élèves incapables d’entourer le verbe dans une phrase simple, et même bien souvent de lire correctement.

Notons que les auteurs comparent le niveau d'élèves d'aujourd'hui avec ceux de 1987, dont le niveau était déjà bien moins bon que celui des générations précédentes.

Mais ce qui préoccupe encore davantage que les résultats de l'étude, ce sont les suggestions des auteurs de l'enquête pour remédier à cette baisse du niveau en orthographe.  Interrogée par l'AEF, la chercheuse Danièle Manesse (une proche de Philippe Mérieu) explique: " je suis personnellement favorable à une simplification de l'orthographe, car cela en dédramatiserait bien des aspects. (...) Je partage les propositions d'André Chervel dans la postface de l'ouvrage visant à supprimer les doubles consonnes ou les lettres grecques. Une simplification profiterait d'ailleurs aux enfants les plus défavorisés, qui se sentent en insécurité linguistique. Il faut également alléger les programmes et diversifier les méthodes d'enseignement de l'orthographe. Je ne suis pas favorable au retour à une dictée par jour comme dans les années 1920 ou 1930, mais plutôt à une dictée, une fois par mois, pour évaluer les compétences des élèves et pourquoi pas toujours la même comme le font certains professeurs."

Rassurons-nous, les résultats des élèves contemporains restent tout de même un peu meilleurs que ceux de 1873, une époque où la France comptait 30 000 maîtres (contre 1 million aujourd'hui)...