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6 avril 2007

Ces femmes qu’on laisse être soumises dans notre bienveillant pays

   

"Il est dans la nature de l'homme d'opprimer ceux qui cèdent et de respecter ceux qui résistent" (Thucydide).

Accepter que dans notre pays (oui, en France) des femmes soient soumises aux hommes, frappées, séquestrées, mariées de force, violées, rasées en cas de désobéissance, que leurs parties génitales soient cousues et j’en passe, tout cela au nom de la tolérance… Quelle est la nature de cette tolérance-là ?

Fermer les yeux au nom de la sacro-sainte tolérance est tout simplement criminel. Quelle femme occidentale accepterait cela ? Quelle femme occidentale accepterait de partager son mec avec d’autres femmes ? Aucune.  Alors pourquoi trouvons-nous acceptable que d’autres subissent ce qu’on n’accepterait pas soi-même de subir en brandissant la pancarte « tolérance » ? C’est un mot qui tout seul ne veut rien dire. Si on est pour la tolérance à tout crin alors les crimes deviennent permis, ils deviennent de fait tolérables et tolérés. C’est le mot à la mode qu’on utilise pour se déculpabiliser des anciens racismes primaires, des anciennes colonies, des anciennes injustices – pas si lointaines – qui nous ont fait traiter différemment des individus soi-disant « différents ».

D’où vient cette idée que des femmes doivent rester soumises au nom du respect d’une culture ? Et le respect des femmes ? Les droits de l’Homme ne concerneraient donc que l’homme ? Laisser faire au prétexte de faire perdurer une culture, je trouve l’argument plus que douteux. C’est dans leur culture donc c’est bon pour elles ! Et puis quoi encore ?

Il fut un temps où culturellement il était de bon ton de sacrifier des êtres humains sur l’autel d’une divinité et ne pas s’y plier était du plus mauvais effet. Aurait-il fallu perpétrer cette tradition jusqu’à nos jours pour ne pas dénaturer une culture ? Evidemment non. Et pourtant il y a pas mal de femmes qui continuent de mourir sous nos yeux tolérants. Ces filles, ces femmes sont mes sœurs. Laisser faire n’est ni plus ni moins que de la xénophobie masquée de bienveillance et je refuse cette xénophobie-là qu’on voile pudiquement sous le principe de tolérance.  Si on part de ce principe, alors vive l’excision, vive le mariage forcé pour les filles à 9 ans avec un vieil oncle, vive le viol par le père pour être sûr que la virginité ne sera pas volée par on ne sait qui, vive les jeunes filles qui se font recoudre l’hymen en toute discrétion par des médecins français qui ne savent plus gérer cette nouvelle médecine qu’ils ne sont pas censés pratiquer.

Que des petites filles ou des femmes bien de chez nous subissent cela et ça passera au JT avec des témoignages révoltés mais celles-ci ne sont pas tout à fait blanches, elles n’ont pas la même culture que nous donc il est bon de laisser faire.

Je ne voudrais pas que ma fille subisse cela donc pourquoi trouverais-je normal que d’autres petites filles le subissent ? Quelle occidentale normalement constituée accepterait un pareil traitement pour son enfant ? Laisser faire au nom de la tolérance c’est se soustraire aux droits les plus élémentaires de l’enfant et de la femme, ni plus ni moins.

Finalement, depuis la colonisation le Français moyen n’a pas beaucoup évolué, il est juste devenu plus hypocrite, une hypocrisie qui  ne dit pas son nom, une hypocrisie qui nous permet à nous, occidentales, de conserver notre liberté rien que pour nous, égoïstement, ce qui nous garantit de fait un sentiment de supériorité. Car soyons honnêtes avec nous-mêmes - à défaut de l'être avec les autres - c'est bien de cela qu'il s'agit : nous ne voulons pas céder un pouce de notre suprématie d'occidentales étriquées en accordant un peu de ce bénéfice à d'autres. Sous couvert de bons sentiments mal placés (du genre la polygamie c'est bon pour les Africaines, ben voyons !), nous ne faisons rien de plus que pratiquer une hypocrisie malsaine.

Entre des hommes qui ne les laissent pas s'exprimer et un occident qui ne veut pas les entendre quand elles le font, quelles sont leurs chances d'être libres d'exister par elles-mêmes en toute dignité et en toute sécurité ?

   

 

   A lire :  "Insoumise" de Ayaan Hirsi Ali et "Musulmane mais libre" de Irshad Manji 

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