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29 avril 2010

"Réfugiée aux toilettes avec le bébé ma femme a téléphoné à la police"

 

PERPIGNAN. Un groupe d'individus a défoncé la porte du domicile d'un jeune couple dans la nuit de samedi à dimanche, les menaçant de mort. Le mari leur avait demandé de calmer le défilé bruyant de leurs scooters et leur avait jeté de l'eau.

L e problème, c'est l'impunité. Beaucoup de gens continuent de subir et de garder le silence. Mais il faut le dire pour que cela cesse même si ce n'est pas facile. Ceux qui restent ont peur d'être victime de représailles, c'est logique." Marc-Henri et Myriam Picard sont encore sous le choc. Pourtant, ce jeune couple d'une trentaine d'années a choisi courageusement de raconter l'agression dont il a été victime ce week-end, à son domicile de la rue des Trois-Journées, au centre de Perpignan. "Pour dénoncer ce qu'il se passe". Parce qu'ils ont le sentiment que cette histoire aurait pu mal tourner pour eux, mais aussi et surtout, pour leur bébé de 8 mois.
Tout commence samedi dans la soirée. Le couple est dans son appartement au troisième étage et regarde une émission de télévision

tandis que leur petite fille dort. Une tranquillité toute relative perturbée par le ballet des scooters qui "comme tous les vendredis et samedis soirs passent à toute vitesse et font du raffut en bas sans discontinuer".
"J'étais un peu échaudé. Ma femme s'est fait accrocher par un de ces scooters avec la poussette il y a un mois environ. La petite est tombée sur le front. Au lieu de s'excuser, le gars a souri. Alors, samedi, je me suis permis, en leur donnant poliment du monsieur, de lever un peu la voix et de leur demander de se calmer". Mais, pour toute réponse, le jeune homme, ancien sapeur-pompier de Paris, reçoit une bordée d'injures. Et les jeunes passent leur chemin.
Or, vingt minutes plus tard, à quasiment minuit, le défilé des deux roues, les klaxons et le gymkhana ont repris de plus belle. Marc-Henri Picard se saisit d'une cruche posée sur la table du salon et jette le fond d'eau qu'il reste par la fenêtre. Les injures se font plus virulentes et tournent aux menaces de mort.
"Immédiatement, ils se sont téléphonés et se sont rassemblés en bas à une quinzaine", raconte encore le couple qui aussitôt a fermé sa fenêtre, prostré par la peur dans son appartement sans plus dire un mot.
"Dans la minute qui a suivi, on les a entendus grimper l'escalier. On a entendu des bris de verre, des choses jetées contre les murs. Ma femme a eu le réflexe de fermer le verrou de la porte d'entrée et d'aller se réfugier avec la petite dans les toilettes pour prévenir la police. Moi, je suis resté derrière la porte avec ma petite bombe lacrymogène. Ils étaient comme fous, j'entendais des hurlements, ils nous menaçaient de nous tuer et de violer ma femme et donnaient des grands coups dans la porte. Petit à petit, le mur se fendait et la porte se dégondait. Ça n'a pas duré longtemps mais je me suis dit, ça y est c'est la mort qui arrive." Evacués par la fenêtre Myriam, terrorisée, réussit à contacter les policiers de la brigade anti-criminalité. En quelques minutes, ils sont sur les lieux et mettent en fuite le groupe de jeunes agglutinés devant l'immeuble. "Trente secondes après, c'était trop tard. La porte aurait cédé et on ne s'en serait pas sorti". Sauvés in extremis, les jeunes gens ne sont toutefois pas au bout de leur peine. La porte a enduré de tels dommages, qu'ils sont bloqués à l'intérieur. Les pompiers sont alors appelés en renfort et les évacuent, avec leur nourrisson, par la fenêtre de leur appartement. " La petite n'a pas dormi de la nuit. Elle n'a fait que pleurer. On a appelé une amie pour qu'elle la garde et on est allé au commissariat dans la nuit déposer une plainte".
Entretemps, les services de police ont interpellé un suspect à hauteur de la place de la République. Agé de 15 ans, il a été placé en garde à vue. Il nie toute participation aux faits et, selon la loi de protection des mineurs, a été remis à sa mère en attendant les suites de l'enquête. Il pourrait toutefois être poursuivi pour "dégradations volontaires de biens privés en réunion et menaces de mort".
"
On se sent en danger. Comme c'est prévu dans notre assurance, on fait venir un vigile la nuit pour surveiller notre appartement, pour pouvoir dormir. Mais on ne peut pas vivre comme ça. On va partir. On pensait s'en aller parce que l'on n'a pas de travail mais pas aussi vite. Là, on a commencé à faire les cartons. C'est fou, mais c'est à nous de partir parce que notre enfant a été mise en péril".

Laure Moysset

http://www.midilibre.com/articles/2010/04/20/PERPIGNAN-Refugiee-aux-toilettes-avec-le-bebe-ma-femme-a-telephone-a-la-police-1196759.php5

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