Eléphantes en danger de mort

Les quatre pachydermes sont attendus le 5 mars à Marseille par le cirque Pinder mais l'Union européenne leur interdit l'entrée sur le territoire français. Bloqués au Maroc, les animaux pourraient être euthanasiés sur place

Sabina, Pira, Dana et Belinda, les quatre éléphantes d'Asie sont parquées depuis plusieurs mois dans un enclos, au centre de Casablanca.

Photo D.R.

Que va-t-il advenir de Sabina, Pira, Dana et Belinda, les quatre éléphantes d'Asie parquées depuis plusieurs mois dans un enclos, au centre de Casablanca? Nul ne le sait; pas même leur dresseur-propriétaire Giuseppe "Joy" Gartner qui campe avec elles dans la capitale marocaine. Car chaque jour qui passe rend plus difficile la survie des pachydermes tandis que s'éloigne l'espoir d'un retour rapide en France d'où les animaux sont originaires, en raison de la fièvre aphteuse qui touche le Maroc. Le pire est désormais à craindre.

Artiste itinérant régulièrement sollicité par les plus grands cirques européens, Joy Gartner avait quitté la France il a cinq ans pour se produire sous différents chapiteaux, traversant successivement la Roumanie, l'Italie, puis la Méditerranée pour rejoindre la Tunisie et le Maroc. Enregistrés à Montauban et parfaitement en règle sur les plans administratifs et sanitaires, les quatre pachydermes avaient donc pu sortir sans problème de l'Hexagone. L'année 2011 se présentait même sous de bons auspices puisque Joy Gartner et ses imposantes compagnes -elles pèsent 3,5 tonnes chacune!- venaient de décrocher un prestigieux contrat avec le cirque Pinder.

Il est d'ailleurs prévu que leur jonction s'effectue à Marseille, le 5mars prochain, à l'occasion de la première d'une série de représentations dans la cité phocéenne. Mais c'était sans compter avec la réglementation européenne en matière d'importation d'animaux sauvages, surtout quand ces derniers proviennent d'une zone à risques au niveau sanitaire, touchée notamment par la fièvre aphteuse. "Pour l'instant, j'ai réussi à tenir le coup. Ma famille m'envoie régulièrement de l'argent pour nourrir les animaux mais nous arrivons au bout de ce qui était possible de faire", explique Joy Gartner, qui a reçu le soutien sur place de la communauté des Français expatriés au Maroc, émus par le sort des éléphantes.

Leurs dons ont même permis de financer l'achat d'une cargaison de foin. Rentrée précipitamment à Marseille où elle réside afin de tenter de débloquer la situation, Candy Beautour, l'épouse de Joy Gartner ne cache pas son inquiétude ni son incompréhension. "Des éléphants ont pu rentrer normalement en France en 2004. Et voilà qu'en 2011, ce n'est plus possible. Nous avons contacté l'ambassade de France et la délégation de l'Europe à Rabat, ainsi que le ministère français de l'Agriculture, à Paris, mais tous disent qu'ils ne peuvent rien faire. Nous sommes dans une impasse dramatique. Si les éléphants ne peuvent pas quitter rapidement le Maroc, nous ne pourrons bientôt plus les nourrir et nous serons alors obligés de les euthanasier. C'est comme si nous donnions la mort à nos propres enfants". Une affaire incroyable dont la tournure inquiétante commence à mobiliser les énergies des deux côtés de la Méditerranée. Mais seul un accord négocié au plus haut niveau, entre l'Europe et les États concernés pourrait éviter aux quatre malheureuses éléphantes une mort aussi désolante que prématurée. 

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